Fête de l’Aïd : pas d’abattoir pour les 100 000 musulmans des Yvelines

11:03 - August 10, 2019
Code de l'info: 3470283
Les membres de la communauté ont été invités à commander leur mouton chez un boucher ou dans un abattoir agréé… en Espagne.
Ce dimanche, les musulmans fêtent l'Aïd au cours duquel chaque famille doit sacrifier un mouton. Mais certains risquent d'éprouver des difficultés pour célébrer cet événement, en raison de l'absence d'abattoir dans les Yvelines. En Ile-de-France seulement cinq établissements sont agréés par les services de l'État à Montereau, Meaux et Jossigny (Seine-et-Marne), La Courneuve (Seine-Saint-Denis) et Ezanville (Val-d'Oise).
 
Pourtant, des démarches avaient été engagées auprès de la préfecture pour obtenir l'autorisation d'installer un abattoir mobile à Trappes, comme cela a pu être proposé en 2013, 2014, 2015 et 2016. « Cet abattoir avait atteint une capacité de près de 1 400, voire 1 500 moutons. Depuis trois ans, au vu de difficultés administratives rencontrées - choix du lieu et autres - ce procédé a été interrompu, regrette Mohamed Kherroubi, le président du conseil des institutions musulmanes des Yvelines (Cimy) et responsable de la communauté de Versailles. Cette année, la non-maîtrise du calendrier a empêché de peu la reconduite du dispositif. Le prestataire avait été contacté tardivement. »
 
Le marché au vif de Tessancourt-sur-Aubette a vendu tous ses moutons
En outre, le marché au vif, proposé à la ferme de l'Aubette, à Tessancourt-sur-Aubette, a d'ores et déjà fermé car tout le troupeau d'ovins présent sur place, soit 540 animaux, a été vendu ou réservé une semaine avant le jour J. 220 autres moutons ont été réservés sur commande.
 
Les musulmans du département ont donc été invités à passer commande directement auprès d'un boucher, où le coût d'un mouton oscille entre 250 et 300 €. L'artisan s'engage à respecter le rite d'abattage de l'animal. « Mais il semblerait que cette solution est loin de répondre à l'ensemble des besoins du département », confie Mohamed Kherroubi.
 
Un procédé d'importation et de distribution depuis des abattoirs espagnols a également été mis en place à Saint-Quentin-en-Yvelines « avec toutes les garanties exigées en matière de rituels, d'hygiène et de sécurité-sanitaire ». « La traçabilité de l'animal et du sacrifice sont assurés, précise Mohamed Kherroubi. Mais cette solution ne semble pas satisfaire une bonne partie des musulmans : la demande s'est vue réduite à près de 200 moutons ».
 
Une bonne partie a préféré se rendre dans d'autres départements, notamment à l'abattoir de Dreux (Eure-et-Loir). « Cela a été rendu possible, semble-t-il, seulement grâce au fait de la période estivale et à la baisse de la demande locale » souligne le président du Cimy.
 
« Aujourd'hui, l'abattage illégal n'existe plus », assure Mohamed Kherroubi, président du Conseil des institutions musulmanes des Yvelines
 
Les Yvelines comptent environ 100 000 musulmans pratiquants, implantés, surtout, du côté de Trappes, Les Mureaux, Mantes-la-Jolie ou Sartrouville. « Aujourd'hui, l'abattage illégal n'existe plus, les gens se conforment à la législation », assure Mohamed Kherroubi. Il n'empêche : pour les responsables des institutions musulmanes du département, le besoin « d'une solution consistante et encadrée garantissant les bonnes conditions de pratique du culte pour la célébration de l'Aïd-el-Kébir » est ressenti comme « une nécessité ».
leparisien
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