En France, une rue portant le nom de Khadija (sa) attise la haine

5:19 - September 24, 2022
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Téhéran(IQNA)-Les meilleures intentions reviennent parfois comme un boomerang dans la figure de ceux qui les ont affichées et concrétisées.

À Stains, en Seine-Saint-Denis, un projet artistique et participatif financé par le bailleur social CDC Habitat a rassemblé les habitantes des quartiers Maroc et Avenir autour de la place des femmes dans l’espace public. Mené par l’association Mémoires Croisées et le photographe Philippe Monges, il est soutenu par la mairie, la Direction régionale des Affaires culturelles et Plaine Commune qui regroupe neuf commune séquano-dyonisien.

« J’ai souhaité inviter à réfléchir sur la place des femmes dans l’espace public, dans nos villes et plus généralement dans la société. L’intention est de leur redonner plus de place en renommant nos rues, nos résidences, nos bâtiments publics avec des noms de femmes qui nous inspirent par leur parcours ou leurs combats », expliquait le photographe dans le magazine municipal en juin dernier.

Depuis janvier 2022, le photographe anime des ateliers. Les participantes ont choisi des figures historiques ou contemporaines et ont travaillé sur un texte présentant les raisons de leur choix. Parmi les personnages féminins mis en avant, on trouve Joséphine Baker, Greta Thunberg, Aïcha Khalil, Aïcha Ech-Chenna, Mère Térésa, Fatima Mernissi ou encore la reine Esther. Mais le choix de l’une d’entre elles provoque des réactions haineuses sur les réseaux sociaux depuis quelques jours : Khadija Bint Khuwaylid.

L'engagement renouvelé de la municipalité vers une féminisation de l'espace public

La première épouse du Prophète Muhammad est présentée sur une plaque apposée rue de Pontoise et prévue pour rester quelques semaines. Sur fond de couleur lilas, le nom de Khadija Bint Khuwaylid s’affiche avec le texte suivant signé d'une habitante de Stains : « Elle me pousse, m’encourage, me donne la force de vivre dans notre société. Elle fut la première épouse du Prophète Mohamed et une grande commerçante au cœur du VIIe siècle. En tant que femme active de confession musulmane, les enseignements et les valeurs qui émanent de son histoire m’animent au quotidien, m’inspirent et me font aller de l’avant. »

Il n’en fallait pas plus pour réveiller l’extrême droite. « À Stains, une rue symboliquement renommée au nom de la femme du prophète Mahomet : on attend les laïcards ! », a tweeté Gilbert Collard, eurodéputé proche d’Eric Zemmour. Les réactions ont été si nombreuses qu'elles ont poussé le maire de Stains Azzedine Taïbi à publier, mardi 20 septembre, un communiqué pour dénoncer « la haine raciste sur les réseaux sociaux » et demander de stopper « l’impunité et l’indignation sélective ».

« Ce projet s'inscrit en complémentarité de l'engagement de la municipalité vers une féminisation de l'espace public de nombreux équipements ou rues portant le nom de femmes ont été inaugurés », précise l'’élu local, qui rappelle que, depuis sa réélection en 2020, la municipalité a déposé plusieurs plaintes auprès du procureur de la République « suite à des avalanches de tweets injurieux et racistes tels que celui de Gilles-William Goldnadel qui qualifiait alors la ville de Stains de "cité islamo-communiste, capitale du séparatisme islamique et de la médiocrité racialiste" ». Sans résultat concret à ce jour. Et de réclamer des mesures concrètes pour « lutter efficacement contre le racisme systémique qui gangrène notre société et qui gangrène notre société et contre celles et ceux qui attisent la violence et la haine sous couvert d'anonymat sur les réseaux sociaux ».

saphirnews

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