Moscou change de direction vers le monde islamique
Dr Diana Galeeva, experte des questions russes, a écrit dans une note : « Il y a deux semaines, la banque d'État russe Sberbank a ouvert une succursale à Kazan, la capitale de la République du Tatarstan, dans le cadre de sa stratégie de développement de la banque islamique.
L'initiative n'était pas surprenante en raison des sanctions occidentales, car la banque et le financement islamiques servent d'alternative au système financier russe par le biais de la Banque islamique de développement d'Arabie saoudite, du Centre islamique de développement économique de Dubaï et de la République du Tatarstan.
Le Forum économique international annuel intitulé « La Russie et le monde islamique : Sommet de Kazan », a examiné les possibilités de la banque et de la finance islamiques, malgré l'absence actuelle de lois qui autorisent et réglementent les activités des banques islamiques.
Cependant, les dernières pressions sur le secteur économique ont contribué à accélérer le processus. Un examen du développement de la banque islamique a été présenté à la Douma d'État, qui propose l'introduction d'un régime juridique expérimental dans quatre régions de la Fédération de Russie à population musulmane. S'il est approuvé, le projet commencera le 1er février 2023, pour une période de deux ans. Cela signifie que l'économie russe se déplace vers l'est et que Moscou, comme la Chine et l'Inde, se tourne vers l’Asie de l’ouest et les musulmans. Le 18ème Forum musulman international qui s'est récemment tenu sous le titre « Justice et modération : principes divins de l'ordre mondial » organisé par le Forum musulman international, le Conseil musulman de la Fédération de Russie et l'Institut islamique de Moscou, en témoigne. Des représentants de plus de 40 pays étaient présents et de hauts responsables islamiques de Turquie, de Palestine, d'Azerbaïdjan, d'Irak, du Koweït, du Pakistan et du Qatar ont présenté leurs points de vue sur l'ordre mondial actuel et ses alternatives. Les représentants de la Palestine, de l'Irak et du Pakistan ont fortement critiqué les politiques des pays impérialistes, et déclarré que cette expérience historique remettait en question l'ordre mondial actuel.
Bien sûr, ces politiques ont aidé la Russie à obtenir des avantages économiques, politiques et sécuritaires, y compris des investissements dans les régions de Tchétchénie et du Tatarstan, et des pays du Conseil de coopération du Golfe Persique. La position neutre des pays du Conseil de coopération du Golfe Persique face à la crise ukrainienne, indique également les résultats positifs de ces politiques. Pour être plus efficace, la Russie devrait développer l'utilisation du soft power religieux dans la région (MENA) (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et de nouveaux acteurs devraient être intégrés dans ce processus, notamment les personnes éloignées des régions musulmanes et les femmes. Ces dernières années, le processus d'autonomisation des femmes a également émergé dans les pays du Conseil de coopération du Golfe Persique. Par exemple, les ministres des EAU comptent 9 femmes. Selon la répartition des postes dans les institutions publiques selon le sexe, les femmes représentent 66% des employés du secteur public et 30% des femmes occupent des postes de direction.
Les représentants des milieux d'affaires de ces pays peuvent être un autre maillon pour le développement des relations entre la Russie musulmane et la région de l’Asie de l’ouest et d’Afrique du Nord.
En bref, les troubles géopolitiques actuels rapprochent la Russie de la région de MENA et les politiques et les intérêts économiques de ce pays se déplacent également vers l'Est.
Les discours autour du monde islamique et l'expérience historique douloureuse du colonialisme rapprochent également les pays islamiques de la Russie. Bien que ces relations ne fassent que commencer, on pourrait s'attendre à une coopération plus étroite entre la Russie et le monde musulman dans l’avenir.
